Orson Welles et moi

Orson Welles et moi
Titre original:Orson Welles et moi
Réalisateur:Richard Linklater
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:09 octobre 2013
Note:

En 1937, Richard Samuels n'est qu'un élève en terminale, qui rêve d'imiter la carrière des grands acteurs de son époque, comme John Gielgud. A New York, il arrive par hasard à se faire embaucher pour jouer un petit rôle dans l'adaptation de "Jules César" de Shakespeare, que l'acteur de radio Orson Welles monte au théâtre Mercury. Pendant une semaine, le jeune homme s'investit complètement dans cette nouvelle expérience. Mais un différent romantique avec le réalisateur génial, mais despotique, va tout mettre en question la veille de la première.

Critique de Tootpadu

Ça y est, nous avons enfin trouvé notre premier véritable coup de cœur de ce festival de Deauville, en dehors des excellents Sin nombre de Cary Joji Fukunaga et The Cove de Louie Psihoyos, vus précédemment et de toute façon présentés ultérieurement ! Le réalisateur Richard Linklater a une fois de plus réussi à nous subjuguer avec cette histoire d'apprentissage à la dure, mais en même temps tellement mémorable, parce qu'il permet au jeune protagoniste inexpérimenté et idéaliste d'approcher le génie qu'était Orson Welles. Le contraste entre l'innocence de Richard et la démesure du réalisateur débutant est cependant aussi peu exacerbé que les premiers pas dans la vie d'adulte pour le jeune héros. Chaque élément fonctionne à merveille dans la comédie théâtrale la plus enthousiasmante depuis Coups de feu sur Broadway de Woody Allen !
Les hauts et les bas de la première semaine en pleine autonomie de la vie de Richard se succèdent dans un rythme, dont l'élégance est uniquement dépassé par la brillance des répliques. Le scénario remarquable de Holly Gent et Vince Palmo traduit à la perfection le conflit entre l'enthousiasme du néophyte sur les planches et la réalité impitoyable, faite de coups mesquins derrière le dos et une soumission aveugle à la volonté d'un artiste, dont le talent visionnaire restait encore à prouver à l'époque. La dynamique narrative du double récit d'apprentissage, le premier sympathique et idéaliste, le deuxième grandiloquent et imbu de sa propre brillance, fonctionne merveilleusement et génère une multitude de séquences savoureuses et riches en enseignements.
Le théâtre selon Richard Linklater, c'est un formidable travail d'équipe, dont il vaut mieux déguster chaque instant, au risque de se trouver à la porte le soir suivant. L'admiration des monstres sacrés y est un moyen comme un autre pour progresser sur l'échelle glissante de la reconnaissance artistique et mondaine. Et pour ceux qui ne sont pas assez téméraires pour jouer le jeu du quitte ou double, il reste toujours une existence plus modeste sur laquelle il sera possible de retomber dès que le rideau sera tombé sur le spectacle des aspirations personnelles. Ce résumé sonne comme si ce conte pétillant sur une consécration avortée était une sinistre affaire. Mais bien au contraire, le rythme entraînant et l'ironie sophistiquée du ton permettent l'éclosion d'un divertissement remarquable, frais et nostalgique à la fois, comme nous aimerions en voir plus souvent.
La véritable révélation de Me and Orson Welles, c'est à notre grand soulagement - qui s'est mué sans difficulté en un enthousiasme sincère - l'interprétation magnifique de Christian McKay dans le rôle-titre. Même s'il serait injuste d'ignorer complètement le jeu curieusement convenable pour l'époque de Zac Efron et le retour fort charmant de Claire Danes, McKay dépasse tout l'ensemble d'acteurs remarquable avec sa résurrection amplement réussie du jeune Welles ! Le charme désarmant et espiègle, ainsi que la mégalomanie artistique peut-être pas tout à fait justifiée, tout y est pour raviver notre passion pour ce réalisateur et acteur unique.

Vu le 8 septembre 2009, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: